PAR QUENTIN PARISIS

Pilier de la sélection malgré ses 24 ans, Samuel Piette considère que le Canada est en train de vivre une période de transition très positive en vue des prochaines années, grâce à une génération très compétitive et l’apport du sélectionneur, John Herdman. Ambitions, changements de mentalité, forces en présence et Gold Cup, il s’est confié à Québec Soccer sur ces sujets.

À quelques semaines de la Gold Cup qui se déroule du 15 juin au 7 juillet et qui va mettre en compétition 16 nations, Samuel Piette est détendu et souriant malgré l’entraînement auquel il vient de participer avec l’Impact de Montréal. Sûr de la force du Canada et du travail qui est réalisé ces derniers temps, il s’apprête à disputer son troisième tournoi, avec la conviction que les jours futurs seront encore meilleurs.

Le Canada a reçu comme adversaire lors du tirage au sort de la Gold Cup le Mexique, la Martinique et Cuba. Comment considères-tu ce groupe ?

Évidemment, la première réflexion que j’ai eue, c’est pour le Mexique, qui est une grosse puissance. C’est clair que ça va être un match très difficile. Pour la Martinique, ça m’a rappelé mon premier match avec le Canada dans une Gold Cup [En 2013, NDLR], car c’était justement contre la Martinique, au même endroit que cette année, au Rose Bowl. Pour moi, ce sera une revanche, car on avait perdu 1-0. Cuba, c’est aussi une équipe que je connais bien, car, à chaque tournoi que j’ai pu faire avec le Canada, j’ai l’impression d’avoir toujours eu à faire à Cuba. Ça va être des matchs difficiles, mais je pense qu’on a  eu une bonne préparation.

Quand tu parles de bonne préparation, c’est sur l’aspect physique, tactique, des séances vidéo ?

On travaille surtout tactiquement. On a beaucoup d’appels en conférence avec le coach, John Herdman, que ce soit individuellement ou par petits groupes. Ça peut être entre milieux de terrains ou avec un petit groupe de leaders. Quand on va arriver au camp, on aura déjà une bonne idée de ce que le staff attend. Je fais partie du « leadership group », le groupe des vétérans, et on parle souvent 1h ou 1h30 de certains aspects. D’un point de vue physique, tout le monde est bien encadré pour être en forme, même si certains joueurs seront en pleine saison tandis que d’autres, ceux qui jouent en Europe, auront tout juste terminé.

« Il y a eu un changement de mentalité au sein de l’Association canadienne et on se rend à la Gold Cup pour la gagner »

Et ça fait longtemps que vous êtes dans une préparation de ce type ?

Ce sont des appels et des conférences qui se font régulièrement, plusieurs mois avant, à chaque fois que nous avons un camp ou des matchs, comme ce fut le cas pour la Ligue des Nations. Ce n’est pas seulement pour la Gold Cup.

Alors entre cette préparation et le tirage au sort, qui pourrait vous réserver le Costa Rica puis encore le Mexique si vous sortez des groupes, quels seront les objectifs pour la Gold Cup ?

L’objectif principal, c’est de se rendre plus loin que la dernière fois, où on avait été éliminés par la Jamaïque en quarts. Se rendre en demi-finale serait une très bonne chose, un bon pas en avant, mais il y a eu un changement de mentalité au sein de l’Association canadienne et on se rend aussi à ce tournoi pour le gagner. Ce sera difficile, mais il y a de la qualité dans le groupe.

Un changement de mentalité à l’Association canadienne ?

L’approche du staff envers les joueurs est différente, et on ne trouve plus de joueurs sans clubs qui sont en sélection, comme c’était le cas il n’y a pas si longtemps. À ma première Gold Cup, il y avait plein de joueurs qui n’avaient pas de club, qui jouaient pour le « FC Unattached » ! (Rires) Ce n’était pas forcément très difficile de faire partie de l’équipe nationale. C’était quasi automatique quand tu étais un peu inclus dans le groupe. Ce n’est plus comme ça maintenant. C’est de plus en plus difficile d’être appelé en sélection. John Herdman a aussi insufflé une autre mentalité, c’est un gagneur. Pour lui, tout ce qui n’est pas la victoire finale va être une déception.

La gagne, c’est l’apport principal du coach Herdman ?

Oui. Honnêtement, il fait beaucoup de bien à l’Association et aux joueurs. Ses idées sont très claires et c’est facile de le comprendre. Ça a été beaucoup de gros changements au début, mais on commence à s’habituer.

Quels changements ?

Il a une approche totalement différente, avec les appels, les conférences, les vidéos. On reçoit aussi des Power Points. Avant, on avait le camp d’entraînement, puis on repartait dans nos clubs une fois que c’était terminé. Maintenant, il y a un avant-camp et un suivi. Des fois c’est un peu chargé, mais c’est pour le bien de tout le monde. C’est très professionnel. Au niveau tactique, ses principes de jeu sont aussi très clairs.

Justement, en parlant de jeu, où sont les principales forces du Canada ?

On ne va pas se le cacher, c’est surtout offensivement. Il y a de la qualité à l’avant. De la jeunesse aussi, qui va être là pour longtemps.

« La Coupe du Monde 2022, c’est l’objectif premier » 

il y a  aussi plusieurs joueurs d’expérience dans l’effectif, notamment au milieu du terrain, comme Arfield ou Hutchinson. Quelle est ta relation avec eux ?

On est tous en compétition, mais on a des profils différents, et c’est la beauté de l’effectif. Tous les joueurs qui sont là méritent de jouer, mais le coach peut mettre en place des choses différentes en fonction de qui joue. En dehors de ça, on a une très bonne relation comme le montrent nos appels-conférences. On a aussi un groupe sur Whatsapp, dans lequel on parle de tactique, de jeu, de plein de choses, sans que le staff nous l’ait demandé. Osorio et Taiber sont deux de mes meilleurs amis dans le groupe. Quand on est dans le camp, on est souvent ensemble. Atiba (Hutchinson) et Scott (Arfield) sont un peu plus âgés, mais ils sont très humbles malgré le succès qu’ils connaissent en club, donc c’est vraiment cool d’avoir ces gars-là.

Toi, tu es un peu entre les deux, à la fois jeune et avec beaucoup de sélections…

Je fais un peu partie de tous les groupes de l’équipe. C’est aussi mon rôle et celui que m’a donné le coach, d’être celui qui fait le lien entre les plus jeunes et les plus anciens, car je suis là depuis 2012.

Et tu peux donc mesurer l’évolution…

Et l’ambition, car on parle toujours de la Coupe du monde 2026, mais il faut d’abord penser à celle de 2022. Je pense qu’on a plus de chance qu’avant, avec la qualité, le staff … J’y crois à 100%. C’est clair. C’est l’objectif premier, même s’il y a plein d’étapes.
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Comme première étape, il y a donc la Gold Cup, mais cela nécessitera ton départ temporaire de l’Impact de Montréal, sans doute avec d’autres joueurs impliqués dans les différentes compétitions internationales. Il risque d’y avoir des trous dans l’effectif pendant quelques semaines. Cela t’inquiète ?

Un peu, c’est sûr. On joue gros cette saison et on doit absolument faire les séries. C’est vrai que Saphir Taïder, Arji Okwonkwo ou Michael Azira pourraient aller à la Coupe d’Afrique. Harry Novilo pourrait aussi faire partie de l’effectif de la Martinique à la Gold Cup. On a quand même été capable de prouver cette année que des joueurs qui ont moins joué dans le passé savent faire le boulot. Regarde Shamit Shome, il est un joueur important de l’effectif. Après c’est sûr, au niveau de la quantité…

« Le meilleur marketing, c’est la performance, la victoire »

Surtout à ton poste spécifiquement…

Azira a un peu joué à mon poste pendant la présaison. Ça serait l’option N°1, mais je ne sais pas s’il va être appelé par l’Ouganda. Je le souhaite pour lui, mais d’un autre côté… je suis un peu partagé. (Rires)

Est-ce que tu penses que, comme l’Impact le fait petit à petit, l’équipe canadienne peut conquérir les cœurs des partisans ?

C’est difficile parce que ce n’est pas une équipe que tu vois toutes les semaines. À la dernière Giold Cup, quand on s’est rendu en quart de finale, il y a eu malgré tout  beaucoup d’engouement. On n’avait pas fait une telle performance depuis quelque temps et le meilleur marketing, c’est la performance, la victoire. Si on est capable de faire un bon tournoi, ça peut aider, mais ça prendra du temps. Si on est capable d’avoir aussi plus de joueurs de l’équipe canadienne qui jouent dans des clubs comme Montréal, avec James Pantemis, Zack Brault-Guillard, Shamit Shome, Jackson-Hamel par exemple, c’est évident que les gens vont être aussi plus portés à regarder. Ça peut avoir une influence, mais comme j’ai dit, ça prend du temps… ou une qualification à la Coupe du monde.

*Entretien réalisé avant l’annonce de la liste finale de John Herdman